Les Poètes
Les poètes marchent silencieux
Au milieu de la plaine maculée de vide.
Le feu irradie leurs yeux
Et leurs confère l’insigne du regard lucide.
Ils contemplent les marais fangeux
Où se mêlent à l’horreur la sainte beauté,
Puis lèvent tendrement vers les cieux
Leurs mains tremblantes, où l’oiseau vient à passer.
Qu’ils aimeraient être ainsi libre,
Et virevolter si majestueusement,
Dans l’éther pur où les anges ivres,
Se repaissent d’airs divins, de nobles sentiments.
Que cela serait merveilleux
D’ admirer la sainte et belle nature,
Du haut de la prairie vaste, bleue,
Ou ne sévit aucun joug impur.
Avant d’aller reposer en cet éden,
Ils pérégrinent mélancoliques,
Le coeur si lourd de souvenirs et de peines,
Des joies absolues et antiques.
Seuls ils avancent, sans début ni fin,
Recherchant l’étreinte de l’Amour,
Brûlant de l’irrépressible faim
Dont ils furent rassasiés un jour.
Ils errent asphyxiés et souffrants,
Muets devant l’insondable souffrance,
Mais regardez leurs yeux d’enfants
Où tous ces anges y festoient et dansent !
Leurs peines n’ont d’égales que leur félicité,
Et le silence incarne leur humble demeure,
Où insouciants, ils aiment marcher et flâner,
Puis se blottir dans leurs rêveries des heures.
La tutelle des astres et de la nature
Font que parfois, ils viennent à se croiser,
Dans de salvatrices et douces conjonctures
Que leurs pensées n’osaient plus espérer.
Alors, les retrouvailles sont joyeuses
Et leurs cœurs frémissent indiciblement,
Entonnant quelques lignes heureuses
Pour révérer l’inestimable présent.
Les poètes vagabondent éloquents
Au milieu de la plaine verte et des fleurs,
Communiant avec l’azur, le vent,
L’infini précieux à leurs tendres cœurs.
Sol invictus