Une Larme
Accepte que ta chair
Se meuve dans l’espace,
Qu’elle erre sur la terre,
Dégoulinante et lasse,
Qu’elle aille sans ravissements,
Terrifiée, incertaine,
Et ne sachant plus vraiment,
Où tout cela la mène ;
Que ses yeux larmoyants
Implorent la voûte altière,
Le fidèle firmament
Où ne gît nul père.
Accepte ses prières
Et toutes ses lamentations,
Racines de la terre
Que par la pensée nous créons,
Accepte toutes ses peurs
Qui déchirent tes entrailles,
Ces sombres et vagues douleurs,
Ces ignobles funérailles,
Qui chaque seconde
Résonnent bruyamment,
Qui chaque seconde
Annoncent violemment,
Que la chair emprisonne
Le bel oiseau esprit,
Et qu’un être qui rayonne
N’est qu’à moitié en vie.
Accepte d’être pourvu
D’un coeur noble et délicat,
Car seul celui qui a vu
A toujours l’œil qui larmoie.
Sol invictus